- La marche est un exercice ludique et contrôlé de disparition, une réappropriation heureuse de l'existence. (loc. 94-94)
- La blancheur est un engourdissement, un laisser-tomber né de la difficulté à transformer les choses. (loc. 122-123)
- Nous avons chacun une centaine de moi potentiels réprimés. (loc. 531-532)
- Pour continuer à se mêler aux mouvements du monde, il faut cesser un moment de s’y engager. (loc. 624-625)
- Dans la vie courante le sommeil exerce un effet réparateur en déconnectant l’individu de ses responsabilités envers son environnement. Lâcher prise de toutes les inquiétudes du monde pour y revenir avec une force renouvelée après le repos, appel au calme, à la mesure. Pour continuer à se mêler aux mouvements du monde, il faut cesser un moment de s’y engager. (loc. 623-625)
- La dépression est le moyen trouvé, à son insu, pour ralentir. Elle est l’une des formes les plus intolérables de la disparition de soi sur laquelle l’individu perd toute prise pour un long moment. Mais elle est aussi un sas pour revenir un jour à l’existence avec plus de recul en ayant retrouvé le goût de vivre, et capable désormais d’assumer le fait d’être soi. (loc. 880-883)
- Les réseaux sociaux ou les mondes virtuels, les jeux vidéo, autorisent une démultiplication de soi à travers l’effacement d’un corps sexualisé et méconnaissable, étranger à soi et lourd de menace pour nombre d’adolescents, mais aussi pour des hommes et des femmes en porte-à-faux avec leur environnement. (loc. 1236-1238)
- Parade à un sentiment dépressif envahissant, elle donne dans un premier temps des réponses simples et fermes aux grandes questions de l’existence, là où justement nos sociétés ont perdu une part de leur orientation anthropologique en livrant l’individu à une liberté sans limites mais difficile à assumer. (loc. 1383-1386)
- Le binge drinking autorise une relâche des impératifs de représentations nécessaire à la relation aux autres et à soi. (loc. 1562-1563)
- La route transforme en effet le voyageur en inconnu, juste contraint à montrer son passeport aux frontières, mais le reste du temps n’ayant de comptes à rendre qu’à lui-même. (loc. 2156-2157)
- Jamais l’individu n’a accès à une totalité intérieure, il connaît seulement une mince couche de conscience qui n’éclaire qu’une part de ce qu’il est. (loc. 2583-2585)
- L’individu n’est jamais tout à fait l’auteur de son existence, non seulement à cause de sa nécessaire insertion au sein du lien social, qui appelle la relation aux autres, mais aussi parce qu’il ne sait qu’en partie ce qu’il est et ce qu’il fait. (loc. 2592-2594)
- L’identité que se construit et se reconstruit l’individu à travers sa narration est sans doute une fiction, mais elle est le seul moyen de s’approcher de soi à travers un processus sans fin qui ne cesse de se moduler. Elle est parfois d’ailleurs amendée par les autres qui ne le reconnaissent pas entièrement dans son récit, et qui le corrige ou le complètent en le réinsérant dans un ensemble à plusieurs voix. (loc. 2610-2613)
- Nos existences sont autant faites des occasions manquées que des événements qui les ponctuent. Nul ne peut vivre toutes les virtualités qui étaient en lui, ni même les imaginer. Chaque instant qui passe laisse derrière soi une infinité de vies possibles qui n’ont tenu qu’à un souffle. Le hasard, ce que l’individu en fait, sa volonté de chance ou son abandon aux circonstances, dessinent des parcours personnels qui auraient pu être radicalement autres. (loc. 2643-2647)
- L’écriture, la lecture, la création de manière générale, la marche, le voyage, la méditation, etc. sont autant de refuges aux contours moins acérés que ceux que nous avons souvent arpentés au fil de ce livre. Ce sont des lieux où nul n’a plus de comptes à rendre, une suspension heureuse et joyeuse de soi, un détour qui ramène à soi après quelques heures ou quelques jours, ou davantage. Des moyens délibérés de retrouver sa vitalité, son intériorité, le goût de vivre. (loc. 2686-2690)