• Ce qui a été, c’est ce qui sera ; ce qui est arrivé arrivera encore. Rien de nouveau sous le soleil. (loc. 21-22)
  • Et trop de science entasser C’est mauvaise humeur amasser. (loc. 34-35)
  • Si la destinée qui m’attend est la même que celle du fou, que me sert alors d’avoir travaillé sans relâche à augmenter ma sagesse ? (loc. 58-59)
  • Il n’y a pas plus de souvenir éternel pour le sage que pour le fou. (loc. 59-59)
  • Il n’y a qu’une seule chose bonne pour l’homme, c’est de se réjouir et de goûter le bonheur pendant qu’il vit. (loc. 85-86)
  • Car la destinée des enfants d’Adam et celle des animaux sont une seule et même chose. La mort des uns, c’est la mort des autres ; il n’y a qu’un même souffle en tout ; la supériorité de l’homme sur l’animal n’existe pas ; tout est vanité. (loc. 93-95)
  • Je me confirmai donc dans cette pensée qu’il n’y a pour l’homme qu’une seule chose vraiment bonne, c’est de jouir lui-même du fruit de ses œuvres (loc. 97-98)
  • Plus heureux que les uns et que les autres me parurent ceux qui n’ont jamais existé, puisqu’ils n’ont pas vu les choses qui se passent sous le soleil. (loc. 103-105)
  • Je compris que tout effort, tout succès se résume en jalousie, en désir de surpasser son semblable. (loc. 105-105)
  • Mieux vaut une poignée de bonheur calme que les deux mains pleines de labeur et de vains soucis. (loc. 108-108)
  • Mon avis est donc que le meilleur parti pour l’homme est de manger, de boire et de jouir du fruit des peines qu’il s’est données sous le soleil, durant le nombre de jours que Dieu lui a compté. (loc. 144-146)
  • Mieux vaut le dernier jour que le jour où l’on naît. (loc. 166-166)
  • L’abri que procure la sagesse vaut l’abri que donne l’argent, et la sagesse a un avantage, c’est qu’elle procure longue vie à celui qui la possède. (loc. 181-182)
  • Au jour du bonheur, sois en joie et, au jour du malheur, considère que Dieu a fait le bien comme le mal ; jouis du présent ; l’homme, en effet, une fois mort, ne trouvera rien après lui. (loc. 184-186)
  • La perfection c’est, tout en s’attachant à un principe, de ne pas lâcher le principe opposé (loc. 189-190)
  • Est-il un renversement comparable à celui-ci : des justes qui sont traités selon les œuvres des méchants, des méchants qui sont traités selon les œuvres des justes ? (loc. 225-226)
  • Savoure la vie avec la femme que tu aimes, tous les jours de ce court passage que Dieu t’a donné d’accomplir sous le soleil, tous les jours, dis-je, de ta frivole existence ; car voilà ton vrai lot, le prix des peines que tu t’es données sous le soleil. (loc. 245-247)
  • Ainsi fait notre auteur. Salomon n'est pour lui qu’un prête-nom pour des idées qu’il trouve appropriées au type légendaire de l’ancien roi de Jérusalem. (loc. 381-382)
  • A partir du chapitre IV à peu près, il oublie qu’il a mis en scène Salomon ; il cesse de prendre sa fable au sérieux. C’est bien lui qui parle pour son propre compte quand il nous raconte les malheurs qu’il a eus avec les femmes, les tristesses de sa vie solitaire, les peines qu’il s’est donnés pour faire fortune, les préoccupations qui l’obsèdent en ce qui touche ses héritiers. (loc. 385-388)
  • Tout cela est bien peu naturel ; cela sent la méthode de cette vieille école exégétique qui, du texte le plus indéchiffrable, même le plus corrompu, s’obligeait à tirer un sens. (loc. 403-404)
  • L’Ecclésiaste passait autrefois pour le livre le plus obscur de la Bible. C’est là une opinion de théologiens, tout à fait fausse en réalité. (loc. 436-437)
  • « Tout est vanité. » Tel est le résumé, vingt fois répété, de l’ouvrage. Le livre se compose d’une suite de petits paragraphes, dont chacun contient une observation, une façon d’envisager la vie humaine, dont la conclusion est l’universelle frivolité. Cette conclusion, l’auteur la tire des expériences les plus diverses. Il s’y complaît ; il en fait le rythme et le refrain de sa pensée. Le monde présente à ses yeux une série de phénomènes, toujours les mêmes et roulant les uns après les autres dans une sorte de cercle. Nul progrès. Le passé a ressemblé au présent ; le présent ressemble à ce que sera l’avenir. Le présent est mauvais, le passé ne valait pas mieux, l’avenir ne sera pas préférable. Toute tentative pour améliorer les choses humaines est chimérique, l’homme étant incurablement borné dans ses facultés et sa destinée. L’abus est éternel ; le mal qu’on avait cru supprimé reparaît sur-le-champ, plus envenimé qu’avant sa suppression. (loc. 443-450)
  • L’auteur nous assure avoir fait l’expérience de toutes les occupations de la vie, et prétend les avoir trouvées vaines. Le plaisir, le pouvoir, le luxe, les femmes, ne laissent que regrets après eux. La science ne sert qu’à fatiguer l’esprit ; l’homme ne sait rien et ne saura jamais rien. La femme est un être absurde, un mauvais génie. La conséquence serait de rester célibataire. L’auteur y a bien pensé, mais quoi !... Le célibataire est un niais, puisqu’il thésaurise pour des héritiers qu’il ne connaît pas, et qui ne tiendront pas de lui le moindre compte. L’auteur se rabat alors sur l'amitié ; là, du moins, il paraît avoir éprouvé quelque douceur. (loc. 450-455)
  • Beaucoup de juifs, pour échapper à ce qu’une aussi courte destinée a d’attristant, disaient que l’homme se survit dans ses enfants ; à défaut d’enfants, on consolait l’eunuque en lui promettant un cippe funèbre[8] qui perpétuerait sa mémoire dans sa tribu. Cohélet est peu sensible à ces consolations enfantines. L’homme une fois mort, sa mémoire disparaît, et c’est comme s’il n’avait jamais été. (loc. 490-494)
  • Dieu seul dure[10] », telle a toujours été la base fondamentale de la théologie sémitique, monothéiste. L’homme est un être passager, et le pire acte d’orgueil de sa part serait de s’égaler à Dieu, en s’attribuant l’éternité. (loc. 533-535)
  • Au fond, la position de notre sage fut-elle de son temps aussi isolée qu’au premier abord elle paraît l’être dans l’histoire de la littérature ? Il faudrait se garder de le croire. (loc. 620-621)
  • S’il fallait s’arrêter à une date un peu précise, c’est vers ce temps, une centaine d’années avant la naissance de Jésus, que je placerais la composition du Cohélet. (loc. 744-745)
  • Peuple étrange, en vérité, et fait pour présenter tous les contrastes ! Il a donné Dieu au monde, et il y croit à peine. Il a créé la religion, et c’est le moins religieux des peuples ; il a fondé l’espérance de l'humanité en un royaume du ciel, et tous ses sages nous répètent qu’il ne faut s’occuper que de la terre. (loc. 763-765)
  • C’est un livre de scepticisme élégant ; on peut le trouver hardi, libre même ; jamais il n’est immoral ni obscène. (loc. 815-815)
  • C’est par là que le Cohélet est un livre si profondément moderne. Le pessimisme de nos jours y trouve sa plus fine expression. (loc. 916-917)
  • Cohélet, comme nous, fait de la tristesse avec de la joie et de la joie avec la tristesse ; il ne conclut pas, il se débat entre des contradictoires ; il aime la vie, tout en en voyant la vanité. Surtout, il ne pose jamais. Il ne se complaît pas dans l’effet qu’il produit ; il ne se regarde pas maudissant l’existence. Il est d’une parfaite sincérité en disant qu’il a tout trouvé frivole et creux. On aime à se le représenter comme un homme exquis et de bonnes manières, comme un ancêtre de quelque riche juif de Paris égaré en Judée du temps de Jésus et des Macchabées. (loc. 918-922)