• Il ne s’agit donc pas de ne s’occuper que des animaux, mais de s’occuper aussi des animaux. (loc. 58-59)
  • Il ne s’agit pas non plus d’humaniser les animaux ou d’animaliser l’homme, mais d’étendre aux deux notre bienveillance. (loc. 59-60)
  • Le point commun le plus frappant entre l’homme et l’animal est la capacité de ressentir la souffrance. (loc. 82-83)
  • James Serpell, professeur d’éthique animale à l’université de Pennsylvanie, observe que seules les cultures ayant domestiqué des animaux défendent la thèse de leur infériorité par rapport à l’homme. (loc. 156-57)
  • Un être dit « sensible » est un organisme vivant capable de faire la différence entre un bien-être et une douleur, entre plusieurs façons d’être traité, c’est-à-dire entre différentes conditions propices ou néfastes à sa survie. Il est aussi capable de réagir en conséquence, c’est-à-dire d’éviter ou de s’éloigner de ce qui pourrait interrompre son existence et de rechercher ce qui la favorise. (loc. 526-28)
  • Comme le remarque Aymeric Caron : « A-t-on jamais vu une école organiser une sortie pédagogique dans un abattoir ? Jamais. Pourquoi ? D’où nous vient cette pudeur qui nous force à taire aux enfants le sort que nous réservons aux animaux ? Un égorgement, une électrocution, une éviscération sont-ils des scènes obscènes pour des yeux innocents ? La réponse est oui 8 . » (loc. 767-71)
  • L’équation est simple : 1 hectare de terre peut nourrir 50 végétaliens ou 2 carnivores. Pour produire 1 kg de viande, il faut la même surface de terre que pour cultiver 200 kg de tomates, ou 160 kg de pommes de terre, ou 80 kg de pommes (loc. 1020-22)
  • Manger de la viande est donc un privilège de pays riche qui s’exerce au détriment des pays pauvres. (loc. 1036-37)
  • On estime que la moitié de la consommation d’eau potable mondiale est destinée à la production de viande et de produits laitiers. (loc. 1078-79)
  • Au large des côtes de Californie et du Mexique, les grands thoniers utilisent des hélicoptères pour repérer les bandes de dauphins. Quand ils sautent hors de l’eau, leur présence indique celle des bancs de thon dont ils se nourrissent. À l’aide d’une flottille de Zodiac, les pêcheurs mettent alors en place d’immenses filets qui sont ensuite resserrés comme des bourses, capturant d’innombrables dauphins avec les thons. Lorsque ces filets sont finalement tirés à bord par de puissants winchs, les dauphins, qui se retrouvent généralement au-dessus des thons, sont fréquemment broyés dans ces winchs. (loc. 1172-77)
  • Même les volailles cataloguées « élevées en plein air » vivent en vérité dans de sordides hangars où 9 à 12 oiseaux s’entassent sur chaque mètre carré. De temps en temps, on les fait circuler dans un couloir grillagé, ou on les laisse sortir brièvement à l’extérieur pour qu’elles puissent marcher un peu. Nous sommes donc loin des « poules heureuses » que nous vantent les publicités. (loc. 1612-14)
  • Singer reconnaît bien sûr que les êtres sont inégaux, notamment du point de vue de leur intelligence et de leur capacité d’agir sur le monde. Il parle d’un principe d’« égale considération des intérêts » qui n’exige nullement que nous traitions les animaux comme nous traitons les humains. (loc. 1715-17)
  • L’aptitude à souffrir, et non l’intelligence, est donc la raison principale qui donne à tous les êtres le droit d’être considérés de façon égale. Cela n’implique pas que tous les êtres, humains et non-humains, doivent avoir les mêmes droits en toute chose. (loc. 1729-31)
  • Être végétarien n’est nullement incompatible avec le fait de s’occuper des sans-logis. (loc. 1740)
  • Pourquoi les animaux posséderaient-ils l’ensemble des mécanismes physiologiques et des substances biochimiques nécessaires non seulement à la perception, mais aussi à l’inhibition de la douleur s’ils n’en ressentaient aucune (loc. 1824-26)
  • Tous ces sentiments sont bien sûr amplifiés chez les êtres humains lorsque s’y rajoutent des constructions mentales qui rendent l’expérience de la souffrance beaucoup plus complexe. (loc. 1843-44)
  • Les poissons sont les ultimes « sans voix ». Ils ne crient pas comme les cochons qu’on égorge, ils sont dépourvus d’expressions faciales qui pourraient révéler leurs sensations et nous émouvoir lorsqu’on les tire hors de l’eau et qu’ils se « noient » dans l’air comme nous nous noyons dans l’eau. (loc. 1857-59)
  • Il y a quelques années encore, des scientifiques sérieux mettaient en doute la capacité des poissons à ressentir la douleur. Depuis, de nombreuses études ont montré que les poissons ont un système neurologique de détection et de perception de la douleur similaire à celui des vertébrés, et qu’ils produisent les enképhalines et les endorphines qui jouent le rôle d’antidouleur chez les humains. (loc. 1864-66)
  • Comme l’a souligné le philosophe Thomas Nagel, nous n’avons pas la moindre idée de l’effet que cela fait d’être une chauve-souris (loc. 2105-6)
  • Être capable de nourrir des préoccupations morales complexes qui concernent un grand nombre d’individus, y compris des personnes lointaines dans l’espace et le temps (les générations à venir par exemple), et qui peuvent s’étendre aux autres espèces est assurément une caractéristique humaine. (loc. 2305-7)
  • Seul l’homme peut devenir spéciste et seul l’homme peut aussi comprendre qu’il ne devrait pas l’être, puisqu’il n’est pas défendable d’instrumentaliser les autres espèces pour la seule raison qu’elles ne sont pas humaines, si telle est la justification qu’il avance. (loc. 2307-9)
  • L’antispécisme ne consiste nullement à dire que toutes les espèces sont égales, ont la même valeur et doivent être traitées de la même façon, mais qu’il est blâmable de profiter des capacités qui nous sont propres pour nuire sciemment à d’autres espèces sous prétexte qu’elles ne sont pas humaines, lorsque notre vie n’est pas en danger. (loc. 2314-16)
  • Pourtant, le fait de vivre sa vie jusqu’au bout et d’en actualiser pleinement le potentiel mérite en soi d’être respecté, à moins de considérer que la vie ne vaut, à aucun moment, la peine d’être vécue. (loc. 2336-37)
  • Si ce genre d’argument était recevable, il serait acceptable de tuer dans son sommeil, de façon indolore, quelqu’un qui vit seul et ignoré de tous, puisque personne au monde n’en souffrirait. Pourtant, le fait de vivre sa vie jusqu’au bout et d’en actualiser pleinement le potentiel mérite en soi d’être respecté, à moins de considérer que la vie ne vaut, à aucun moment, la peine d’être vécue. (loc. 2335-37)
  • Il existe donc bien des cultures animales, même si elles sont différentes des cultures acquises par les humains. (loc. 2453-54)
  • Les points communs entre un génocide et une tuerie d’animaux à grande échelle sont la dévalorisation des victimes, la désensibilisation des exécutants et la dissociation mentale qui s’opère en eux, les méthodes d’extermination, la dissimulation des faits par leurs auteurs et le refus de savoir de ceux qui sont en mesure de connaître les faits. (loc. 2747-50)
  • Pour reprendre une expression du philosophe Gary Francione, qui prône l’abolition de l’instrumentalisation des animaux, nous souffrons ici d’une véritable schizophrénie morale à laquelle il est de notre devoir de remédier. (loc. 2924-26)
  • Pour être végétarien ou végétalien, il suffit de décider d’arrêter de manger les animaux eux-mêmes ou des produits issus de leur exploitation. Une telle décision ne prend qu’une fraction de seconde et il n’est pas difficile de trouver des alternatives aux produits animaliers. Mais on comprend qu’il serait presque impossible, dans le monde où nous vivons, de se priver totalement de soins médicaux classiques. (loc. 2981-84)
  • Les Européens qui vont à la chasse par plaisir ne sont pas dans la même position que les Eskimos qui tuent pour assurer leur subsistance ou pour empêcher un ours blanc de les dévorer. (loc. 3029-30)
  • Il ne s’agit nullement d’étendre aux humains les sévices que l’on fait subir aux animaux, mais d’étendre aux animaux la compassion que l’on éprouve envers les humains. (loc. 3218-20)
  • De nos jours, les corridas, les numéros de dressage d’animaux sauvages (fauves et éléphants) qui sont encore présentés dans de nombreux cirques et qui, de l’avis des dresseurs eux-mêmes, sont loin d’être aussi anodins qu’ils y paraissent, ainsi que les animaux résignés ou rendus à moitié fous qui sont offerts en spectacle dans certains zoos, ne sont que les reliquats des massacres et des parades de l’Antiquité. (loc. 3540-42)
  • Comme l’écrit Michel Onfray : « Tout goût pour le spectacle de la pulsion de mort révèle le désir de puissance de l’impuissant (loc. 3663-64)
  • On s’est donc focalisé sur le taureau, animal suffisamment combatif pour garantir le spectacle, mais pas trop dangereux, puisque le torero a au moins 9 999 chances sur 10 000 de s’en sortir vivant. Imaginez ce qu’il adviendrait de la « supériorité » de l’homme, même muni d’une épée, s’il se trouvait face à un tigre. Le taureau est donc suffisamment agressif — avec un mouton les aficionados n’en auraient pas pour leur argent — mais la victoire de l’homme est quasiment assurée. (loc. 3675-79)