- « Je n’ai jamais eu peur de mourir. Maintenant, si. Je ne peux pas me débarrasser de l’idée qu’après la mort on reste vivant. Qu’être mort, c’est vivre un cauchemar infini. Mais passons. Passons. Parlons d’autre chose. » (loc. 71-73)
- Parce que ceux qui boudent les loisirs organisés sont les déserteurs de la grande lutte commune contre l’ennui et ne méritent ni attention ni casque. (loc. 145-146)
- Non, ce dont elle a besoin, ce n’est pas d’un regard d’amour, mais de l’inondation des regards inconnus, grossiers, concupiscents et qui se posent sur elle sans sympathie, sans choix, sans tendresse ni politesse, fatalement, inévitablement. Ces regards la maintiennent dans la société des humains. Le regard de l’amour l’en arrache. (loc. 358-360)
- C’est à cause de l’enfant que nous nous attachons au monde, pensons à son avenir, participons volontiers à ses bruits, à ses agitations, prenons au sérieux son incurable bêtise. (loc. 555-557)
- Sachant bien que la vie est trop courte pour que ce choix ne soit pas irréparable, il avait été angoissé de constater qu’aucun métier ne l’attirait spontanément. Avec scepticisme, il avait examiné l’éventail des possibilités qui s’offraient : les procureurs qui consacrent toute leur vie à la persécution des autres ; les instituteurs, souffre-douleur des enfants mal élevés ; les disciplines techniques, dont le progrès apporte avec un petit avantage une énorme nocivité ; le bavardage aussi sophistiqué que vide des sciences humaines ; l’architecture intérieure (elle l’attirait en raison du souvenir de son grand-père qui était menuisier) complètement asservie aux modes qu’il détestait ; le métier des pauvres pharmaciens réduits à être des vendeurs de boîtes et de flacons. Quand il se demandait : quel métier choisir pour toute ma vie ? son for intérieur tombait dans le plus embarrassé des silences. (loc. 622-629)
- D’ailleurs les vérités les plus provocatrices (« au poteau les bourgeois ! ») ne deviennent-elles pas les vérités les plus conventionnelles quand elles arrivent au pouvoir ? La convention peut, n’importe quand, devenir provocation et la provocation convention. Ce qui importe, c’est la volonté d’aller jusqu’au bout de toute attitude. (loc. 1308-1310)
- « La liberté ? En vivant votre misère, vous pouvez être malheureuse ou heureuse. C’est dans ce choix que consiste votre liberté. Vous êtes libre de fondre votre individualité dans la marmite de la multitude avec un sentiment de défaite, ou bien avec euphorie. Notre choix, ma chère dame, c’est l’euphorie. » (loc. 1378-1380)